jeudi 26 mars 2009

Une semaine baladeuse



On va d'abord ici













....passer quelques jours dans une ville où planent beaucoup de souvenirs.




Ensuite on va là ....ça doit encore être comme ça






Mais en été, c'est comme ça
A bientôt :-))
J'emmène des livres avec moi, et j'en trouverai certainement d'autres en chemin...

mercredi 25 mars 2009

Coups de coeur musique


Je n'aime pas le jazz, mais ça j'aime bien !

C'est vrai, je n'aime pas trop et je ne connais pas le jazz mais on écoute dans ce double CD une belle selection d'airs connus, entendus et retenus sans même s'en apercevoir.. Glenn Miller, Django Reinhardt, Errol Garner, Billie Holiday, Amstrong, Grappelli.. des morceaux de légende qui distillent une ambiance feutrée ...avec les dessins de Sempé en prime. Pour les passionnés l'expo "Un siècle de jazz" (aux origines de ses racines africaines) au Musée du Quai Branly jusqu'au 28 juin

Deuxième coup de coeur...Changement de registre avec le tandem Tardi - Dominique Grange

1968-2008
N'éffacez pas notre traces

un hommage aux mouvements populaires, quand l'action vive submerge l'ordre établi... Les dessins percutants de Tardi au service des paroles intenses de Dominique Grange qui constituent une véritable mémoire collective des luttes et des espérances sociales.
ici on peut écouter Dominique Grange raconter son parcours et ses idées


Un retour



Un retour
Alberto Manguel

Encore une belle couverture Actes sud !
Avant de me lancer dans le nouveau livre d'Alberto Manguel "La cité des mots", j'ai craqué pour celui-ci...en fait je ne suis pas tellement la liste que j'indique sur le blog, trop de tentations...deviendrai-je membre du club des LCA (Lecteurs Compulsifs Anonymes) comme Enna , Allie ou Laël :-)

L'auteur, né en Argentine est écrivain, traducteur, éditeur . Citoyen canadien depuis 1985, il réside désormais en France.
Ce petit roman (80p.) kafkaïen explore les années sombres de l'histoire argentine.
....Nestor Fabris,exilé à Rome, reçoit une invitation au mariage d'un filleul dont il est sans nouvelles depuis longtemps. Quittant sa boutique d'Antiquités il part pour Buenos Aires .Dés son arrivée à l'aéroport, le malaise s'installe,tout est bizarre...où est-il vraiment ? les gens sont hostiles, absents, les lieux flous.
Débute une plongée vertigineuse et sournoise dans ses souvenirs. Le passé resurgit peu à peu par un enchaînement de "hasards" qui n'en sont pas...mais qui constituent des signes de sa (soi-disant ?)culpabilité.
Il visite alors le Buenos Aires de sa jeunesse avec des spectres, des lieux éteints, ses anciens amis comme absents et vidés de toute substance.
Fabris donne corps à ses remords , totalement englué dans le labyrinthe du temps comme un insecte dans une toile d'araignée. Tout lui rappelle sa lâcheté, sa fuite en Europe, ses amis abandonnés et sacrifiés, son amour oublié..
Enfin, surgit un bus fantomatique conduit par un ancien professeur qui l'emmène à travers un paysage désolé et gris vers un Luna Park terrifiant plein de bourreaux et de victimes
...évocation des tortures, des disparitions, des militaires de la junte, de ceux qui ont laissé faire...on ressent un drôle de sentiment devant ce mélange d' innocents et de coupables. Que veulent-ils ? Et lui dans quel camp est-il ? Tous attendent un jugement qui ne viendra jamais.
Fabris, résigné et comme lobotomisé intègre cet enfer... ce voyage est un rêve ou une réalité?
Voilà un roman très fort, dérangeant et inclassable, fantastique, politique, symbolique....à l'image des chiens et des serpents représentés sur la couverture du livre comme le passé sautant à la gorge du héros ou de la dictature Argentine déchirant ses victimes.


lundi 23 mars 2009

SWAPOMANIA








Devinette : mon premier s'applique aux confins, mon second est orange et bleu, mon troisième se situe à Paris......... je suis... le SWAP ou plutôt trois swaps auxquels je vais participer dans les deux mois à venir...un vrai plaisir de faire plaisir, de recevoir des surprises, d'élargir ses connaissances...toujours des découvertes et les thèmes sont vraiment sympas

1. Le swap aux confins, coorganisé avec Bookomaton



2. Le swap Bleu orangé organisé par Akasha


3....Il reste encore des places pour celui de Loula qui est consacré à Paris...inscriptions jusqu'au 31 mars.

A suivre..

Passagère du silence


Carte postale de Chine

lu dans le cadre du challenge Lire autour du monde organisé par enna

Passagère du silence

Fabienne Verdier

Je vous invite ici à un dépaysement total...à cause des lieux bien sûr mais aussi par l'ambiance du livre, plein de spiritualité, véritablement habité par l'esprit et la sensibilité de l'auteur....c'est aussi un voyage aux sources d'une vocation, à la découverte d' une grande exploratrice dotée d'une volonté inflexible, à l'image des aventurières du siècle dernier telle Alexandra David Neel ou Ella Maillart. Alors direction la Chine, la Chine mystérieuse... celle des ethnies lointaines et des campagnes moyen-âgeuses mais aussi celle des années 80, la Chine terrible de la révolution culturelle qui a laminé toute trace du passé, les oeuvres et aussi les hommes . Tout est aux mains du parti communiste. C'est dans ce contexte que l'auteur, après des études aux Beaux Arts de Toulouse, débarque au fin de fond du Sichuan pour s'initier à l'art ancestral de la calligraphie. Elle a 20 ans, seule étudiante occidentale dans ce monde clos . Pendant 10 ans, elle restera là bas pour approfondir son art malgrè la maladie, l'hostilité du parti, la promiscuité, le manque d'hygiène et de nourriture. Car elle vit à la chinoise, subit épreuve physique et morale comme un rite de passage. J'ai aimé sa patience,son abnégation, mais aussi sa joie de découvrir et de se faire accepter par ces quelques grands maîtres épargnés par la révolution mais méprisés et marginalisés qui vont l’initier aux secrets et aux codes d’un enseignement millénaire.
J'ai admiré sa détermination à s’imprégner de la pensée chinoise et à acquérir la culture intérieure indispensable à un art authentique ...elle veut apprendre la Chine de l'intérieur, l'âme chinoise éternelle
Maître Huang Yuan accepte de l’initier après un temps très long de mise à l’épreuve pour juger de sa motivation..... des mois d’exercices , avec son pinceau elle trace nuit et jours des milliers de traits verticaux avant de « donner vie » au trait horizontal :..patience, intériorité, respect
Son maître lui enseigne ainsi un art de vivre oublié.
Au fil des ans, à force de persévérance Fabienne Verdier va devenir « la passagère du silence » qu’elle voulait être. Un livre passionnant et passionné servi par un style clair et imagé, plein d'anecdotes formidables sur des coutumes singulières telles le dressage des grillons ou la description d'une pharmacopée extraordinaire ; des situations effrayantes, dramatiques mais parfois drôles aussi...comme son expérience dans les " toilettes" d'une campagne reculée avec un porc inopportun ...une invitation au voyage dans un pays fantastique et une culture tellement différente . Un récit heureux aussi puisqu'elle trouvera l'amour en Chine.

Cette autobiographie sera certainement son seul roman car Fabienne Verdier grâce à son expérience chinoise est devenue une immense artiste, je vous invite à contempler ses oeuvres ici.

samedi 21 mars 2009

JARDINAGE









moins de livres, plus de fleurs

avec un petit assistant bien gourmand ...




vendredi 20 mars 2009

Hommes qui ne savent pas être aimés

Hommes qui ne savent pas être aimés
Yasmina Reza

Présentation de l'éditeur : Adam Haberberg est assis au Jardin des Plantes à ruminer sa vie devant l'enclos aux autruches. Il vient de voir son ophtalmo pour un oedème à l'oeil dont il craint le pire, son dernier roman est un fiasco, sa vie conjugale bat de l'aile. Sort de la ménagerie Marie-Thérèse Lyoc, qu'il n'a pas vue depuis trente ans. Sa condisciple au lycée, le genre de fille dont on n'a aucun souvenir, ni désir d'en avoir. Et parce qu'il est au plus bas, il accepte son invitation à dîner chez elle à Viry-Châtillon. Expédition absurde. Elle pérore sur sa vie de représentante en produits dérivés, lui rappelle un passé qui ne le concerne pas. Il fait semblant de l'écouter tout en ressassant ses échecs, ses velléités, son impossibilité à assumer ses choix et sa différence.

Un livre (pas prévu!!) acheté pour la sobriété de la présentation...tout petit dans son coin..et pour le nom de Yasmina Reza.
Sur la quatrième de couverture il est indiqué : roman tragique et burlesque ; dès le début, c'est vrai, on est pris entre le rire et la pitié...
Il pleut, Adam, un écrivain raté, hypocondriaque et amer est assis sur un banc devant l'enclos de deux autruches miteuses...tout est gris, poisseux.. il ressasse ses malheurs réels ou imaginaires : thrombose de l'oeil (truc bien compliqué et forcément exceptionnel pour un homme de son âge) mariage raté, mauvais père...il a décrété qu'il n'était pas fait pour le bonheur
Trop sensible dit-il pas dans la masse ordinaire comme l'est cette ancienne camarade de lycée qui le reconnaît et l'aborde après un blanc de 30 ans .
Il se laisse embarquer malgré lui...le présent est nul alors pourquoi ne pas faire un retour sur sa jeunesse...mauvaise donne en fait..avant c'était encore pire..
Road movie formidablement décrit vers Viry-Chatillon avec embouteillages, centres commerciaux et autres Buffalo grill.....banalité, vide de la société, de l'environnement, de son ancienne non-amie...
Excellents passages sur sa relation aux médecins et aux médicaments...un vrai bonheur d'écriture, entre dictionnaire médical , croyances occultes et délire psycho-somatique.. cette maladie des yeux qui lui fait voir la réalité en trouble ou avec des visions terriblement drôles et bizarres est à l'image de son existence qui n'arrête pas de s'obscurcir..heureusement qu'il y a le Veinamitol !!! Ses "retrouvailles" avec Marie-thérèse sont évidemment un échec car Adam n'aime personne, ne s'attache à rien de peur d'être malheureux, ne vit qu'à travers un roman d'anticipation qu'il a écrit pour un autre...ne trouve pas les mots pour raconter ce vide qui est en lui. Passe a côté du bonheur...un peu comme nous parfois..
J'ai adoré ce livre , ce long monologue intérieur ponctué de remarques acerbes, de méchancetés gratuites, d'aveux désarmants et de cruelles banalités, son écriture minutieuse, comme une fable avec une morale qui pourrait être celle-ci :
Adam est un ado qui n'a pas grandi, qui n'a pas profité de la vie quand il le pouvait
.. il faut vivre en affrontant la réalité, ne pas avoir peur de s'y frotter,d'aimer même si ça fait mal plutôt que de non exister dans le mensonge, les regrets et le nombrilisme.
Ce roman(facile à lire), mélange de Misanthrope et de Malade Imaginaire avec des mots et des décors contemporains, laisse vraiment un drôle de goût dans la bouche...délicieux et amer
Par petites touches incisives, l'auteur brosse un portrait en profondeur de la condition humaine .
un vrai coup de coeur

mardi 17 mars 2009

Eloge de l'énergie vagabonde


Eloge de l'énergie vagabonde

L'être humain recèle un gisement d'énergie inépuisable...
Sylvain Tesson

Présentation de l'éditeur :" J'irai de l'Aral à la Caspienne. Je gagnerai l'Azerbaïdjan à bord d'un ferry. De Bakou, je cheminerai vers la Turquie par la Géorgie. A pied, à vélo, loyalement, sans propulsion motorisée. Au bout de ma route, j'aurai relié trois mers, abattant le même trajet que celui d'une larme d'or noir de la haute Asie convoyée à travers steppes et monts pour que le monde poursuive sa marche . Profitant de cette traversée de terres à haute valeur pétrolifère, je consacrerai mon temps d'avancée solitaire à réfléchir au mystère de l'énergie. Pétrole et force vitale procèdent du même principe : l'être humain recèle un gisement d'énergie que des forages propices peuvent faire jaillir. " Sylvain Tesson

C'est un peu Tintin au pays de l'or noir au plutôt au Pipelinistan...l'auteur "obsédé par les tubes" chevauchera le dos du dragon ...by fair means..en vélo ou à pied dans la chaleur et parfois sous la dent des chiens.. . Des oléoducs comme invitation au voyage, prétexte pour nous livrer ses impressions sur l'énergie, la geo-politique, les relations humaines, le devenir de l'humanité...car solitude et pérégrinations sont propices à l'énergie cérébrale..
Toujours chez lui une attirance pour les steppes...il devait être nomade dans une autre vie; les grands espaces, le silence, l'infini le guident...très beaux passages sur sa traversée brûlante de l'Oustiourt ou des steppes kazakhes..en fait peu importe le paysage c'est le nom qu'il veut traverser..tout récit de voyage devrait s'appeler" la traversée des toponymes"......qui n'a pas rêvé aux noms des lieux avant de s'y rendre tels Samarkand, Tombouctou ou Valparaison.. Tesson met ses pas dans ceux des Scythes et des Sarmates tous ces bouffeurs d'espace ivres de conquêtes et d'infini .. la steppe lieu de liberté sauvage "tapis de mes prières, manteau de mes nuits" pour lui le seul endroit où on peut se passer de lecture..
Aujourd'hui la course énergétique a remplacé la conquête géographique, l'or noir enfièvre davantage que les taches blanches..alors de l'Aral sacrifiée à la Caspienne,il suit le pipe invisible à travers l'asie centrale en observant les bouleversements apportés ....mais certaines choses restent immuables.
Aux passages historiques et dogmatiques sur l'énergie avec moultes références(Aristote, Bergson..) j'ai préféré ses jolis aphorismes sur la fureur de vivre ou l'habitude qui nous englue dans la paresse.
..mais surtout dans ce récit, éclate à chaque détour de chapitre son amour des chevaux, des forêts,de la nature, des terres brûlées , de la solitude aussi..il ne cherche pas les rencontres même s'il en fait parfois d' intéressantes.
Des réflexions très pertinentes sur l'écologie, l'avenir de la terre...c'est en géographe qu'il s'exprime en stigmatisant les écolos. Tesson préconise un changement complet de mentalité ; son idéal, les coureurs de steppe tel Dersou Ouzala..qui ne laisse aucune trace sur la terre J'ai noté aussi une source d'énergie fantastique ..la vodka et le vin géorgien qui lui permettent (à certaines rares occasions :-)) d'abattre 100 kms par jour avec son vélo !!!,
une mention particulière pour la dénonciation sans concession de la condition féminine dans les pays musulmans,véritable asservissement qu' Ella Maillart avait fustigée en son temps..pas tendre avec l'islam..et là, le pipe ne peut rien pour elles..
Sous le signe de l'énergie, ce livre est une belle expérience à partager avec lui...plus qu'un récit de voyage, une réflexion sur notre avenir énergétique et notre philosophie de l'existence.

lundi 16 mars 2009

Festival du Film Asiatique de Deauville

Pour moi c'était plutôt le Festival
Du Film Afghan :-D

Je n'ai vu qu'un film et c'est celui de Barmak Akram
L'enfant de Kaboul
Trop de monde, mauvaise organisation, il y a seulement deux lieux de projection, des places VIP, des séances en retard et il faut ressortir de la salle pour refaire la queue pour un autre film dans la même salle....j'ai bien essayé de me cacher sous mon siège...mais zut, ils ont l'oeil !!
Le film :
Dans l'immense cohue de Kaboul, un chauffeur de taxi, Khaled, prend en charge une femme et un bébé. Quand la cliente voilée quitte la voiture, surprise : le bébé est là, abandonné sur le siège arrière. Le film raconte trois jours de leur histoire, de ce destin qui a mis entre les mains de Khaled cette petite vie inconnue, dont il veut d'abord se débarrasser et dont il se sentira de plus en plus responsable...D'autant plus que le bébé est un garçon et que Khaled n'a que des filles

j'ai apprécié...beau bébé, c'est vrai que le film tient plus du documentaire que du film d'action mais ça permet de voir où en est l'Afghanistan d'aujourd'hui et de dénoncer encore et encore la situation des femmes dans ce pays où la prépondérance des hommes est écrasante . A travers ce road movie, excellent portrait de Kaboul avec ses plaies, ses angoisses, ses ONG...la vie continue cependant mais les codes ne changent pas..un film plutôt pour ceux qui s'interessent à ce pays mais il y a quand même une histoire racontée avec humour et sensibilité avec une violence à fleur de peau..

Pour l'encourager à en faire un deuxième..allez voir ce premier long métrage du jeune réalisateur Barmak Akram qui était présent avec son équipe lors de la projection..

On peut en lire une très bonne critique ici
Une autre moins convaincue...ici

Comme il faisait beau, je me suis alors promenée sur les célèbres planches de Deauville et j'ai pu observer et écouter, tout en dégustant une bonne gauffre à la chantilly, le microcosme parisien aux prises avec ses problèmes : où garer la Porsche pour qu'on la remarque..il y en a tellement ; ce soir sous la robe Armani string Chanel ou culotte Petit Bateau ? Le Vuitton assorti aux Tod's, c'est encore tendance ?? ,,, au ptit déjeuner du Normandy Barrière le survêt est tout à fait tolérable mais, ma chérie, évite les Nike doréessssssssss s'iiiiiiiiiil te plaitttttt !!!
.... rien que de la jalousie....;-) non, même pas.....je les trouve plutôt drôles et dépaysants : une tribu avec coutumes, mythes fondateurs et lieux de culte.
ça me rappelle surtout la chanson indémodable de Boris Vian " j'suis snob"


Découvrez Boris Vian!

vendredi 13 mars 2009

La Rédac du mois


Chaque mois, le même jour, à la même heure, des rédac'blogueurs écrivent un billet sur un sujet commun.
Ce mois-ci, le thème est : Enfance ~~ madeleine de Proust ~~ grands-mères........
Je demanderai pour cette première fois "l'indulgence du jury"....il y a si longtemps que je n'ai pas fait de rédac.:-)))


Essayons d'emprunter la machine à remonter le temps ;

Je m'installe dans mon sous-marin jaune pour plonger dans l'océan des souvenirs et en ramener des bribes dans mes filets. Pour m'aider, des sensations d'aujourd'hui...quelques notes, des odeurs, des goûts sur le bout de la langue..tous mes sens en éveil pour retrouver mes émotions d'enfant.
Attention, on descend..
Des musiques d'abord, oui j'entends de la musique :
..Premier palier.........il y 20 ans, presque .. des chansons d'Elmer Food Beat, les enfants à l'arrière de notre vieille 309, assis sur les duvets ; ils sont encore jeunes ; dehors il pleut fort et le brouillard est partout , on est en Norvège on roule dans une magnifique forêt -il parait- mais on ne voit rien , les filles sont ravies, elles imaginent des trolls et des esprits partout en chantant à tue-tête "le plastique c'est fantastique"..heureusement qu'elles ne comprennent pas toutes les paroles !!
C'est pas bon là...je suis trop vieille...il faut descendre plus profond......
c 'est dimanche matin, papa met un 33t sur le tourne-disque, la musique est très forte, elle emplit toutes les pièces.......c'est du Rossini ; tour à tour Semiramis, la Pie Voleuse et Guillaume Tell envahissent la maison, je suis une petite fille remplie de cette merveilleuse musique de Rossini qui me comble toujours à chaque fois que je l'entends
...une autre musique, ah.. on remonte un peu
La campagne au mois d'août, dans l'Yonne, une jolie longère , j'ai 12 ans et écoute "en boucle" sur mon petit Teppaz Sandy Shaw et surtout Charles Aznavour chanter "Rendez-vous à Brasilia"........à coté de moi ma grand-mère adorée qui essaie en vain d'écouter Jacques Chancel et son invité............je n'arrête pas de hurler reeeeeeendezzzzz vous à BRRRasilia......et de danser la samba : finalement elle éclate de rire et se met à chanter avec moi.........
Bâbord toute....on change d'océan ........celui des senteurs et des goûts sur les lèvres
Le poulet rôti du dimanche
La mer, du sel sur la peau ... mes vacances en méditerranée..la garrigue et les pinèdes où on faisait la sieste, bercé par les cigales...la musique encore.
Le chocolat aussi ou plutôt, les éclairs au chocolat et surtout les religieuses qu'on allait chercher après la messe ..chaussettes blanches et jupe plissée, avec des gants........joli paquet avec une ficelle dorée ; je gardais les jolies ficelles dans une boîte en fer..

Il suffit d'une note, d'un goût sur la langue, d'une fragance pour réveiller en moi cette douce nostalgie de l'insouciance....mille choses me reviennent encore, comme une source bienfaisante ; avec les mots, je reconstruis mon passé et ma vie. Il n'est pas de plus grand trésor au monde qu'une enfance heureuse..........on y puise tout au long de sa vie la force et l'amour que l'on peut à notre tour donner à ceux qu'on aime.
C'est drôle en fait toutes ces métaphores qui évoquent l'eau....ahhhhhhhhh si je sais..je me souviens quand j'étais dans le ventre de ma maman.......mais là c'est une autre histoire que je raconterai peut-être un jour ! A moins que dans une vie antérieure j'aie été poisson en Méditerrannée pêché et dégusté au son de Rossini avec une sauce parfumée au thym un peu trop salée !
Beaucoup de gens planchent sur le sujet...allez visiter leur blog ........1/ckankonvaou;2/Avec nous en Floride...;4/Le blog de Laetitia Beranger;5/Le blog d'Orchidee;6/D'Athènes à Montréal;7/En direct des iles;8/Zürichardie;9/Il était une fois dans le sud...;10/le Denis Blog;11/Le blog de hibiscus;12/tranche de vie;13/Chocobox;14/good.mood;15/mouton.bergerie;16/une parisienne à Athènes;17/Lodi;18/Gazou;19/Sur les traces du chevalier ours;20/Betty looo-les cornus;21/Le chat qui;

L'empreinte du renard

Défi "Littérature policière sur les 5 continents"
Catherine du blog de La culture se partage a lancé l'idée de ce défi et y a consacré un blog spécial (un sacré travail :-)) où vous pourrez retrouver toutes les lectures de polar..
C'est l'occasion pour moi de découvrir ce genre littéraire tout en voyageant de par le monde comme j'aime.
Je commence mon périple par l'Afrique de l'Ouest, le Mali, en pays Dogon.........



L'empreinte du renard
meurtres en pays Dogon
Moussa Konaté

C'est le troisième volet des enquêtes du commissaire Habib, un peu un Maigret africain...beaucoup de flair, de psychologie et de philosophie
Présentation de l'éditeur : Au cœur du pays dogon, une série de morts bizarres alerte les autorités maliennes. L'affaire est délicate: les Dogons, très attachés à leurs traditions, vivent en marge de la société et sont redoutés pour la puissance de leur magie. Le vieux commissaire Habib, à la sagesse et au flair légendaires, est envoyé sur place. Mais le village entier se tait obstinément, et un étrange sorcier à tête de renard veille au respect absolu de l'omerta...

L'intrigue commence chez les Dogons.......d'emblée, le ton est donné : amour, trahison, mort, honneur....on est plongé au coeur de l'Afrique des traditions ; tout est consommé, le mystère s'installe..
Puis, changement de décor : Bamako, pas très loin du pays dogon et en même temps à des années lumières de cet univers inchangé depuis des siècles, Bamako, c'est la modernité, les voitures, les embouteillages, des policiers avec leurs petits tracas d'hommes modernes .Ici, l'affaire arrive comme étouffée dans les bureaux du ministère......y a-t-il vraiment eu crime, pourquoi, comment ? on ne nous dit pas tout..
Dès cet instant, les personnalités du commissaire Habib et du jeune inspecteur Sosso commencent à se dessiner : un Maigret africain avec un associé jeune et fougueux; chargés de l'enquête, ils partent au pays Dogon..
Retour dans l'ambiance de Magie de l'Afrique profonde avec sorciers et croyances, malédictions et tabous..le personnage énigmatique et inquiétant du "chat" et les fameuses empreintes du renard entrent en scène.
L'irrationnel règne en maître. Pour comprendre les Dogons, Il faut se mettre à penser "dogon"; ce sera là la force de Habib qui comprend que les gens de la falaise n'obéissent pas aux mêmes lois que les autres hommes; c'est la coutume et les ancêtres qui décident; alors, peu à peu la solution se fait jour conforme à la philosophie du récit.
J'ai aimé cette belle fable, les joutes verbales entre Habib et les anciens, son respect des coutumes et son désir de légalité, la tradition contre les lois, les anciens contre les modernes
Le roman permet aussi d'entrevoir un pan des mystères dogons avec la présence du Hogon, de la Togouna et du renard (cher à Marcel Griaule) dont les empreintes prédisent l'avenir...un polar avec un zeste d'ethnographie et une pincée de modernité.
L'écriture est limpide et agréable. C'est vrai que l'enquête démarre doucement mais elle nous emporte alors complètement.. on connaîtra quelques moments de peur, l'intrigue est bien développée.
J'ai aussi apprécié la description de la personnalité du commissaire Habib et la fougue brouillonne de son jeune adjoint Sosso. On rit parfois à ses dépens.
La fin est à l'image de cette enquête, inattendue et pleine de leçons et d'interrogations sur les contradictions d'un continent fascinant...

mercredi 11 mars 2009

Festival du Film Asiatique de Deauville




Le Festival a lieu du 11 au 15 Mars


J'y serai le 14

Une bonne occasion de découvrir le cinéma sud coréen qui est à l'honneur cette année et que je ne connais pas du tout...impressions la semaine prochaine.

mardi 10 mars 2009

50 ans d'occupation du Tibet


Il y a quelques années, Priscilla Telmon avait mis ses pas dans ceux d'Alexandra David-Néel pour atteindre Lhassa....

lundi 9 mars 2009

GLOIRE


Gloire
roman en neuf histoires
Daniel Kehlmann
On ne dira jamais assez de bien des couvertures d'Actes Sud et de leur pouvoir d'attraction !
j'ai été carrément hypnotisée par les grosses lunettes de la dame et le contenu est à la mesure du contenant..
Où il est question de gloire littéraire et cinématographique, de lettres et autres moyens plus modernes de communication
On y croise trois écrivains, un homme ordinaire, une femme très malade, un cadre supérieur et autres protagonistes ...
Les histoires se mélangent, se répondent
Les personnages se rebellent contre leur inventeur qui décide de changer la fin de son roman, la réalité s'invite dans la fiction; les portables permettent à un inconnu de devenir quelqu'un et à une star de rentrer dans l'anonymat; ils sonnent au mauvais moment ou ne sonnent plus quand ils devraient, internet est en panne et provoque la rencontre d'un futur personnage avec son créateur .On assiste à une continuelle partie de ping-pong pleine de virtuosité verbale et de trouvailles romanesques ; les mêmes personnes se retrouvent tout au long du récit mais avec d'autres rôles et d'autres desseins......
Où il est surtout question de création littéraire mais aussi d'une description sans concession des auteurs avec leur fragilité, leurs tics, leurs mensonges, leur désir de gloire et surtout leur fantastique pouvoir sur les créatures qu'ils inventent et dont ils peuvent modifier les vies à chaque instant.
La lecture de ce roman vous entraîne dans un véritable tourbillon de virtuosité et d'humour dont on ressort ébahi.
J'ai particulièrement apprécié les aventures de l'écrivain qui se perd en Asie centrale , celle du cadre accro à internet qui parle comme Jean-Claude Vandame ou celle de Rosalie qui ne veut pas mourir....mais chut...je vous laisse découvrir toutes les surprises d'un livre étonnant
Un vrai coup de coeur...

dimanche 8 mars 2009

Ultima cordillera


Ultima cordillera
La dernière terre inconnue
Christian Clot
Présentation de l'éditeur: Dans la région des cinquantièmes hurlants, en Terre de feu chilienne, au point de rencontre de deux océans, l'Atlantique et le Pacifique, et des vents venus d'Antarctique, se dresse, comme un dernier sursaut des Andes la Cordillera Darwin. Le climat y est l'un des plus violents du globe. Est-ce pour mieux protéger des incursions humaines la cité mythique qui abrite les dieux patagons ? C'est au coeur encore inexploré de ce territoire que Christian Clot mène, seul, sa troisième expédition, dans ces terres préservées depuis des millénaires, et il compte être le premier homme qu'elle acceptera en son sein... Il y a cinq ans, lors d'un tour en voilier de la Terre de feu, il est tombé amoureux de cette terre inconnue, tout comme Magellan qui, en 1520, la découvre, où l'himalayiste Eric Shipton, qui avoua avoir "découvert l'endroit où [le] conduisait tous [ses] rêves" Lors de sa première expédition, en 2004, il approche l'un des sommets de ces montagnes surgies des flots, mais la cordillera se refuse ; la deuxième expédition, en hiver 2006, fut autant scientifique qu'aventureuse, la dernière sera t-elle celle de la conquête

Encore un livre sur la Patagonie, le sud, le pays de tous les extrêmes..mais là, ce n'est plus le voyage d'un homme ordinaire .
C'est en véritable découvreur que Christian Clot s'est lancé à l'assaut d'une région totalement inconnue....terra incognita...un territoire encore en blanc sur les cartes...extraordinaire !!!...ça existe encore.
Les conditions climatiques y sont tellement épouvantables que, jamais personne, même pas un indien n'a pénétré au coeur de la Cordillère.
J'ai aimé ce livre car il nous donne une formidable leçon de courage et de persévérance en allant au bout d'un rêve qui tourne souvent au cauchemar. J'ai voulu rendre hommage à ce jeune aventurier car c'est un passionné,un homme vraiment chaleureux qu'on a eu l'occasion de rencontrer à Saint Malo au festival des Etonnants Voyageurs ; il parle volontiers et très simplement de ce qu'il a fait, de son attachement aux gens et aux paysages du grand Sud chilien .......il est reparti là-bas il y a peu de temps.
En ce moment, il est en Argentine pour une nouvelle expédition sur le massif glaciaire du Campo de Hielo Sur, un glacier grand comme trois départements français entre Argentine et Chili, sur les traces des Indiens Tehuelches et des Alakalufs ; une expé à but archéologique et sportive, puisque avec sa compagne Mélusine, la traversée se fera à pieds et en kayak ; je vous invite à visiter son blog pour suivre son périple presque en direct...une autre façon de voyager et de partager des émotions
Il est aussi membre de la Société des explorateurs français.....c'est tout dire.....

vendredi 6 mars 2009

les Terres de décembre


Les Terres de décembre
Voyage en Patagonie chiliennne
Olivier Page


Présentation de l'éditeur :
Royaume du vent, de la pluie et des quarantièmes rugissants, la Patagonie chilienne est l'une des régions les plus mal connues d'Amérique. Elle est l'inverse de l'autre Patagonie, l'argentine, la souriante et l'accessible. Volcans de neige et de feu, fjords sombres et abrupts, glaciers fracassés et mouvants, forêts australes aux essences millénaires....
Mais ce livre raconte bien plus que des paysages. Il va à la rencontre des villages et des hommes de ce pays. Emouvantes rencontres que celles de Francisco Coloane, du chef indien du peuple Mapuche à jamais insoumis, de Douglas Tompkins, le milliardaire californien qui a troqué sa fortune par amour pour la forêt australe. Destins étonnants que ceux de ces inconnus, cette assistante sociale qui va à cheval par des sentiers vertigineux ou ces Gallois qui se souviennent encore du passage, ici, d'un type brillant mais bizarre : Bruce Chatwin. Olivier Page, dans la grande et belle tradition des écrivains voyageur, nous donne là bien plus qu'un reportage littéraire. Il nous entraîne à travers ses Terres de Décembre jusqu'au bout du monde en nous offrant des "semelles de vent".
J'ai voyagé à ses côtés dans le bus,à pied ou en voiture sur les 1200 kms de la mythique carretera australe avec l'impression de faire un voyage ordinaire dans un pays extraordinaire... ce n'est pas un livre d'aventure.. pas de risques, d'exploits sportifs, de trek d'enfer sur des glaciers immenses. L'auteur, mû par une intense curiosité des choses et des gens fait sienne cette phrase de Jean-Jacques Rousseau " Faire route à pied, par un beau temps dans un beau pays, sans être pressé, et avoir pour terme de ma course, un objet agréable ; voilà de toutes les manières de vivre, celle qui est le plus à mon goût."..hormis le beau temps....
Il va au hasard des rencontres avec l'adoubement de Francisco Coloane..
Émouvante visite à Coloane , géant vieillissant mais toujours passionné, qui lui ouvre la porte du Grand Sud , du rêve..
il y aura d'autres rencontres avec forcément des gens étonnants (on ne peut que l'être quand on habite un pays si âpre) tous matières à roman avec en tête les fantômes du passé: Chatwin, les colons allemands, gallois et tous ceux qui ont recommencé une autre vie à l'abri du monde, plus vraie, plus pure...encore aujourd'hui on peut rencontrer de tels personnages à la mesure d'une nature écrasante et hostile.
Oui, ces contrées font encore rêver, oui elles sont pleines de vent, de pluie, et de fracas, mais on peut les approcher un peu en suivant cette route ultime qui trace dans une nature démesurée et fragile....des hommes se battent pour elle et y vivent libres.
Ce n'est pas seulement dans les livres qu'on peut vivre ça... en suivant la piste, il est possible de sentir aujourd'hui l'esprit des pionniers palpiter entre Puyuhuapi et Villa O'Higgins.
Voilà un véritable écrivain voyageur avec ce qu'il faut d'émotions, de citations et de références mais pas trop ...et puis il donne envie..d'en savoir plus, d'aller là bas "flirter"avec les confins ;- D ....qui vous empêche de boucler votre sac et de partir demain..
merci à Sabine pour cette découverte..

jeudi 5 mars 2009

On les appelait sauvages...


Coup de coeur pour une magnifique exposition ( Dinard) sur les Indiens d'Amérique : "On les appelait sauvages..."
Qui n'a jamais rêvé d'être un Indien dans son enfance : les troupeaux de bisons qui ondulent dans les grandes plaines, les parures de plumes, le calumet fumé à la lueur du feu dans un tipi coloré.
Certains en ont rêvé plus fort et en ont fait une quête insatiable C'est le cas de Mario Luraschi, le célèbre cascadeur, qui présente ici l'essentiel de sa collection. Cette exposition unique porte l'esprit de "l'indianité" et nous montre l'indien militaire, religieux, politique, créateur d'objets et de parures magnifiques en totale harmonie avec la nature qui l'entourait :
mocassins rehaussés de perles, robe en peau de daim agrémentée de centaines de piquants de porc-épic , coiffes de cérémonie décorées de plumes d'aigle et d'hermines blanches ..
Partout, la beauté dans les objets même les plus usuels décorés avec soin, les selles, les étuis, les berceaux, ....les griffes d'ours se font bijoux ou colliers de cheval, les dents de cerf viennent magnifier le décor d'un sac en peau ou d'un carquois..
Il y a fort longtemps, des voyageurs racontaient qu'on pouvait, pendant trois jours et sur une largeur de 50 kilomètres traverser un troupeau de bisons avec sur la ligne d'horizon la silhouette d'hommes-chevaux faisant corps avec leur monture.....légende ?
et puis les colons sont arrivés......



Cette exposition m'a fait découvrir un peintre étonnant créateur de l'affiche

Antoine Tzapoff


et Edward Curtis (1858-1952), un type extraordinaire qui, pendant 30 ans, est parti tout seul photographier les Indiens : 50.000 clichés, 20 volumes pleins de sensibilité et de respect pour ces hommes vaincus

mercredi 4 mars 2009

Le Petit Prince




Le Petit Prince de Joann Sfar
d'après l'oeuvre de Saint Exupéry


merci à Orchidée qui me l'a prêté, à bzzz qui lui a acheté et à Enna de patienter...

Fallait-il toucher au Petit Prince, pur chef d'oeuvre, véritable monument historique vendu à 80 millions d'exemplaires dans le monde...???

Joann Sfar s'en est emparé et le résultat est plutôt agréable mais c'est devenu.. autre chose. Tout est changé.. le texte , les dessins. Il a seulement gardé la trame.Sfar apporte beaucoup d'éléments que j'ai vraiment aimés : les couleurs extraordinaires et si lumineuses, le personnage du pilote (c'est vraiment Saint Ex avec son nez en trompette et son esprit rêveur), les yeux liquides et hypnotiques du petit prince...mais c'est devenu une histoire, une belle histoire en BD mais ce n'est plus un conte.

Trop d'images (...c'est le propre de la BD) restreignent la place que Saint Ex avait laissé à l'imagination par ses dessins légers et minimalistes .On est "submergé" par les couleurs, les trouvailles, les images,..tout ceci avec bonheur mais on invente moins ses rêves.Pas de blanc dans l'histoire..il rajoute un début, une fin, il "brode". Mais il "brode" ..tellement bien !!!

Belle interprétation donc, qui ne remplacera cependant jamais l'original

Ceci dit, j'ai adoré parce que j'ai un gros faible pour Sfar :-D

mardi 3 mars 2009

CAP HORN


Cap Horn
Rencontre avec les Indiens Yahgan
collection de la Photothèque du Musée de l'Homme (éditions de La Martinière)
Un livre unique par sa richesse photographique et l'approche respectueuse des derniers indiens du bout du monde..
Je reprends ici en grande partie dans ce résumé des éléments d'un excellent blog sur l'Argentine Latitude argentina où on trouve des informations passionnantes sur la Terre de feu et la Patagonie.

C’est au Congrès International de Météorologie de Rome, en avril 1879, que onze pays acceptent de participer au projet de collaboration scientifique. Dans le cadre de l’Année polaire internationale, onze pays européens se proposent de coordonner leurs recherches en vue d’étudier simultanément les phénomènes géodésiques autour des pôles.
La France accomplit sa mission au Cap Horn. Le 17 juillet 1882, la Romanche commandée par le commandant Louis-Ferdinand Martial quitte Cherbourg. Le 6 septembre, elle jette l'ancre dans la baie d'Orange. Elle passera sept semaines dans le Sud de la Terre de Feu, une région sauvage encore méconnue. Les hommes constituent deux équipes : l’une restera à terre pour des des études astronomiques, météorologiques, botaniques et zoologiques. L’autre longera les côtes pour des observations hydrographiques et cartographiques.
"Alors que la mission scientifique débute, les opérations menées intriguent les autochtones, les Indiens yahgan. Mus par leur curiosité, ceux-ci surmontent leur timidité et se rendent dans le campement français ou sur la Romanche. Par de menus cadeaux comme des biscuits ou des vêtements, les Français commencent à tisser des liens avec les indigènes. Ils n’ont pas reçu l’ordre d’effectuer des études ethnographiques et anthropologiques ; celles-ci vont pourtant s’imposer à eux ! Initialement réservés aux loisirs, les appareils photographiques
vont se révéler de précieux instruments pour l’étude de cette ethnie.
À terre, deux hommes se consacrent à l’observation des Indiens : le lieutenant Payen et le Médecin de marine Paul Daniel
Hyades. Dans un studio improvisé, ils organisent de longues séances photographiques, accompagnées de mesures anthropométriques et complétées par des moulages corporels. Doux et conciliants, les Indiens se plient volontiers(...)à la pose photographique.

En mer, le lieutenant de vaisseau Doze se livre à des photographies plus spontanées, nées du hasard des rencontres. Le bateau sert de cadre à certains portraits : derrière les sujets yahgan, le bastingage, les bâches, cordes et cheminées matérialisent le choc de deux cultures. Lors des escales sur les îles, les Indiens sont photographiés dans leur cadre naturel, dans la forêt ou devant leur hutte. Ils ne sont plus traités comme des spécimens placés dans un milieu qui leur est étranger ; l’homme occidental s’efface devant le spectacle mystérieux d’une civilisation primitive et harmonieuse.
Trois cent vingt-trois négatifs sur plaques de verre seront ainsi rapportés en France, ainsi que des centaines de pièces anthropologiques. Déjà exceptionnelle, cette collection constituera bientôt un témoignage unique. Le Docteur Hyades a par exemple été appelé à Ushuaia pour soigner des indiens victimes d’une épidémie alors que ce site n’était encore qu’une mission, où notamment le pasteur Thomas Bridges s’employait à civiliser et catéchiser les tribus alentours.
Ses observations précieuses font toujours autorité pour comprendre et connaître non seulement leur environnement naturel mais aussi leur mode vie et coutumes pour des peuples qui étaient déjà alors voués à disparaitre.
Peu après leur départ, une épidémie de tuberculose décime en effet cette population menacée. Aujourd’hui, les propos du Docteur Hyades prennent l’accent d’une terrible prophétie : « Les Fuégiens sont parmi les peuples dont la disparition totale de la surface de la terre n’est qu’une question de quelques années ; ils ne sont plus que trois cents ou quatre cents à l’heure qu’il est."


dimanche 1 mars 2009

L'Africain

L'Africain de J.M.G. Le Clézio

« J'ai longtemps rêvé que ma mère était noire. Je m'étais inventé une histoire, un passé, pour fuir la réalité à mon retour d'Afrique, dans ce pays, dans cette ville où je ne connaissais personne, où j'étais devenu un étranger. Puis j'ai découvert, lorsque mon père, à l'âge de la retraite est revenu vivre avec nous en France, que c'était lui l'Africain. Cela a été difficile à admettre. Il m'a fallu retourner en arrière, recommencer, essayer de comprendre. En souvenir de cela, j'ai écrit ce petit livre. »

On est tout de suite envoûté par le livre. D'abord, il y a la langue limpide et claire, des mots choisis, ciselés, chacun plein de sens et de mystère ; pas de grandiloquence, de mots crus ou de phrases compliquées ; un fleuve de mots qui se succèdent , qui roulent et palpitent au rythme de l'Afrique. Des mots évocateurs, qui suggèrent les corps, les forêts, la violence du ciel, l'indolence des plaines écrasées de chaleur.Et puis il y a le récit, poignant, la blessure jamais cicatrisée d'une enfance perdue et de cette Afrique brûlante et sauvage (loin du colonialisme) qu'il n'oubliera pas.

l'Afrique ce ne sont pas des visages mais des corps, c'est, au milieu des scorpions et des serpents, la liberté totale et dangereuse pour un petit garçon de 8 ans qui n'a connu que la vie en appartement dans un Occident policé.

C'est aussi la sauvagerie de la nature, orages, fourmis, forêts profondes, nuits pleines de bruits et de craquements....moiteur....tout un monde primitif, pas celui des colons mais celui des griots et des sorciers , des montagnes du Mbam et des pays Mbembé, Kaka, Shanti. "tout cela non comme un paradis mais un trésor d'humanité, quelque chose de puissant et généreux, tel un sang pulsé dans de jeunes artères."

c'est aussi le récit d'un paradis perdu, celui de l'enfance , du père si présent et si lointain, si adoré et si haï, si héroïque et si misérable.........une complicité à jamais perdue à cause de la guerre, de l'éloignement ...quand il le retrouve, il a déjà 8 ans , le changement est radical, trop brutal ; à la douceur d'une éducation presque exclusivement féminine, succède la discipline virile et la brutalité d'un père déjà meurtri , c'est l'incompréhension ;Avec le temps, bien plus tard viendra l'admiration et la découverte de la vie extraordinaire qu'ont eu ses parents "dans ces régions aux horizons lointains , au ciel plus vaste, aux étendues à perte de vue"

J'ai beaucoup aimé l'intensité de l'émotion qui se dégage de ce roman malgré une grande retenue, elle rend palpable les lieux et les sentiments , on sent pulser la liberté, la sensualité... L'Afrique est sa vraie mère ; il a été conçu là-bas dans les amours de ses parents parcourant à cheval dans la moiteur des forêts ou les éclaboussures des fleuves, un continent encore vierge à l'ouest du Cameroun..

c'est un roman de mémoire, mémoire du temps, mémoire des instants de bonheur à l'image d'une vieille photo prise par son père avec son Leica à soufflet représentant "Les hauts plateaux où avancent lentement le troupeau de bêtes à cornes de lune à accrocher les nuages, entre Lassim et Ngonzin."C'est l'image que j'en garderai..celle qui permet de ressusciter le paradis perdu de l'enfance et de l'Afrique originelle.



un autre regard sur ce livre : Keisha, Sylire Lapinoursinette