jeudi 2 avril 2009

L'implacable brutalité du réveil

Et de deux...on reste aux Etats Unis
après le souffle de l'odyssée un roman poignant et intimiste
L'implacable brutalité du réveil
Pascale Kramer

Présentation de l'éditeur : Alissa et Richard, jeunes parents d'un bébé de 5 semaines prénommée Una viennent d'emménager dans un nouvel appartement, dans un de ces immeubles californiens typiques avec piscine. C'est l'été : la chaleur est étouffante, les climatiseurs tournent à plein régime. Il faut nourrir le bébé, le changer, le coucher. Alissa, à peine remise de l'accouchement, ressent une immense lassitude : ce petit être complètement dépendant d'elle l'émeut, la trouble beaucoup et l'épuise en même temps. Elle a l'impression de se diluer dans l'espace. Peu à peu, elle perd pied inexorablement, malgré la bonne volonté de Richard. Et puis, c'est aussi le moment que choisissent ses parents pour divorcer : les derniers repères d'Alissa volent en éclats.
C'est l'histoire et l'analyse d'une dépression presque heure par heure. Alissa a (comme on dit souvent) tout pour être heureuse : son mari est charmant, elle est belle et vient de mettre au monde une adorable petite fille. C'est une enfant unique qui a toujours été gâtée par ses parents et adulée par son entourage. Son moteur dans la vie, c'est de faire envie, de se sentir regarder avec dans la tête un schéma du bonheur : mariage-bébé-bel appartement avec piscine. Elle a tout ça mais la naissance d'Una change la donne...elle regarde sa fille comme une "chose" lointaine qui fait peur..analyse clinique et précise de la dépression du post partum..personne ne la comprend, tous veulent l'aider mais ne savent pas de quoi elle souffre, Alissa n'arrive pas à mettre des mots sur ce qui lui arrive. Au même moment, ses parents divorcent et vendent la maison de son enfance...Elle n'est plus le centre de leurs préoccupations ; elle se noie, prend la fuite, songe à avoir un amant...toutes ses certitudes s'envolent. On a beaucoup d'empathie pour le personnage , physiquement on ressent son désespoir. Pourtant la vie de ses amis continue avec des vrais drames...là encore, Alissa ne compatit pas, ne veut pas se coltiner avec la réalité qui lui " saute" à la figure. Elle a trop vécu dans l'illusion .
Par petites touches nettes et précises, à la manière des peintres hyperréalistes américains, l'auteur brosse un tableau très juste de la dépression vécue de l'intérieur comme un enfermement de l'âme qui rend insensible à l'amour et à l'amitié : Alissa s'en sortira en ayant frôlé le pire...du moins on l'espère, on en sent les prémices...et toujours la présence un peu obsédante de la piscine comme un symbole de luxe ..ou le miroir aux alouettes de la réussite sociale. Un beau roman triste.

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