mardi 17 février 2009

L'AFRIQUE DE Calixthe

A la médiathèque, 2009 est l'année de l'Afrique et à cette occasion j'ai décidé de partir à la découverte de la littérature de ce continent. Je ne la connais pas ...j'ai pris au hasard un livre de Calixthe Beyala : "Femme nue, femme noire". et comme le dit Lino Ventura dans "les tontons flingueurs" à propos d'un horrible tort boyau : "c'est une boisson d'homme!" là aussi ce n'est pas un livre de fillette !! on est tout de suite happé, avalé, trituré par l'histoire par son haleine brûlante et fétide..

présentation de l'éditeur : Belle, attirante, indomptable, Irène n’a, de son propre aveu, que deux passions : voler et faire l’amour. C’est ainsi qu’elle s’empare un jour d’un sac à main et qu’elle y découvre… un bébé mort. Peu après, elle rencontre Ousmane, un nouvel amant qui l’entraîne dans une spirale de débauche et de provocation… Mais dans une Afrique noire urbaine où la misère et l’immobilisme vont de pair avec la résignation, y a-t-il place pour la révolte qu’elle tente ainsi de faire entendre ? C’est une fable mélancolique que nous conte ici Calixthe Beyala, sous les apparences d’un roman érotique à la sensualité débridée et à l’humour corrosif

Un extrait du début...

« Femme nue, femme noire, vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté... Ces vers ne font pas partie de mon arsenal linguistique. Vous verrez : mes mots à moi tressautent et cliquettent comme des chaînes. Des mots qui détonnent, déglinguent, dévissent, culbutent, dissèquent, torturent ! Des mots qui fessent, giflent, cassent et broient ! Que celui qui se sent mal à l'aise passe sa route... Parce que ici, il n'y aura pas de soutiens-gorge en dentelle, de bas résille, de petites culottes en soie à prix excessif, de parfum de rose ou de gardénia, et encore moins ces approches rituelles de la femme fatale, empruntées aux films ou à la télévision. »


Déluge des mots et des expressions qui jaillissent à chaque page ; c'est un grouillement d'odeurs, de corps, de substances vitales, un tas d'immondices jonché de fleurs sauvages....elle écrit comme une mitraillette, on est submergé par les mots qui enveloppent cette fable douloureuse et érotique...certains passages troublants de sensualité et de violence nous dépeignent l'Afrique de la pauvreté, des bidonvilles, l'asservissement des femmes mais aussi leur pouvoir sensuel sur les hommes,elle règle aussi ses comptes avec la Banque Mondiale(l'Occident) les politiques pourries.
Dans la moiteur de ce bidonville gluant, malgré tous ses excès Irene est une pure révoltée qui avec ses armes cherche à s'affranchir des calamités qui l'entourent, du sort qui l'attend , surtout ne pas être résignée comme sa mère..!! Irène est femme, belle, pauvre, elle aime voler et faire l'amour...sa dureté n'est qu'une façade et un rempart contre toute cette puanteur corrosive ..j'ai aimé la violence de ce livre parce quelle est au service de la justice et de la cause des femmes...malgré ses outrances ; et puis l'art, la façon de parler des Africains, un bain de mots vibrants, palpables!!! iIs savent utiliser la langue et le vocabulaire avec tellement d'imagination, chaque phrase est un papillon qui vient s'ajouter à une belle collection..Chez nous, les paroles de tous les jours sont si plates et sans saveurs !!!

3 commentaires:

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  2. encore un livre qui donne envie de voyager ... et en plus il parle des femmes !!

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  3. et de sacrées femmes qui savent faire tourner leur monde... les femmes sont vraiment les plus malignes non ?

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